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Les chiens bleus de Cueco
Sandrine Engle • mai 25, 2021
Pourquoi tant de chiens dans l'oeuvre de Henri Cueco (1929-2017)?
- Henri Cueco, peintre, écrivain, illustrateur n'était pas un artiste animalier. L'auteur de Dialogue avec mon jardinier (et j'espère que vous avez vu le film de Jean Becker), faisait partie du mouvement de la figuration narrative et représentait souvent non pas un chien comme ci-dessus, mais une multitude de chiens.
- C'est en effet la meute qui l'intéresse : avec son apparente liberté, propre à laisser s'exprimer les instincts sauvages que l'individu seul n'assume pas, elle est surtout pour Cueco la représentation d'un système oppressif ou répressif peu pacifique. Il y consacrera toute une série entre 1972 et 1976 comme dans La Meute au repos (huile sur toile 130x162 cm, image 4). La série "des chiens et des claustras" illustre bien cette contention de la répression par la société mais on voit quand même à travers les murs ajourés. Parfois il peignait des chiens entiers qui étaient ensuite recouverts par le claustra peint. Cueco privilégiait les races de chiens à poil ras pour mieux voir leur morphologie et ainsi faire contraster leur structure complexe avec la géométrie et la symétrie des claustras, créant un effet très graphique.
- Voir des chiens à travers un mur ajouré c'est aussi avoir un regard fragmentaire. Le fragment va prendre une réelle importance dans plusieurs toiles où des "morceaux de chiens" apparaissent. Ces corps morcelés ne sont pas le résultat de déchiquetages violents mais d'une étude de l'oeil humain qui, étant toujours en mouvement, ne voit que des fragments, qu'il juxtapose, superpose. C'est le principe des anciens écrans de télé mais aussi du pointillisme.
- Le peintre d'Uzerche a d'ailleurs déclaré à propos du chien : "cet animal dressé est la projection de nos fantasmes. C'est la répression du sauvage, le dressage" Le chien devient ainsi la métaphore de l'homme dressé par l'école avec les limites que peut avoir cette éducation.
- Henri Cueco en voyage en Egypte a retenu les chiens errants maigres qui venaient mendier à l'arrêt de chaque véhicule. Il a alors retrouvé cette couleur de sable dans les produits d'une cartonnerie voisine de chez lui et s'est lancé dans une série au ton ocre les chiens de Saqqarah où le dessin semble dominer la peinture.
- Enfin Cueco a fait des chiens bleus par effet de l'ombre et par référence à la politique américaine.
- Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que mon chien bleu était "Bluejean" mon cocker à la robe bleu rouan. Mais le chien bleu c'est aussi une belle histoire de Nadja, on en reparlera plus tard.
- Ce que je voulais vous montrer aujourd'hui c'est qu'une fois encore le chien a une portée symbolique et bien que je ne sois pas d'accord avec la vision de la meute de Cueco, je suis admirative devant son travail. Pour moi la meute, c'est l'ordre (oh voilà un gros mot pour certains). Je crois qu'on a beaucoup à apprendre de l'organisation sociale du chien et déjà à la distinguer de celle du loup! Je vous parlerai prochainement d'une lecture éclairante sur ce point ; Les Signaux d'apaisement par Turid Rugaas.
Et l'exposition Cueco est prolongée jusqu'au mois de septembre 2021
au musée des Beaux Arts de Dole (39) alors hop hop hop...
Sources : https://media.artabsolument.com/pdf/article/20507.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Cueco
https://www.doledujura.fr/musee-des-beaux-arts/
Le livre de Pierre Jouventin paru en mars 2023 pour tous les passionnés de canidés.
Lamartine poète fut aussi député et lutter contre la taxe sur la possession de chiens fut un de ses grands combats. A une époque où la SPA est créée, l'espèce canine est menacée d'extinction par certains.
Un extrait de Indiana décrit un chien de chasse de race griffon éclairé par une flamme. Sandrine Engle a créé une toile qui pourriat illustrer cette scène. Il est aussi question de Fadet le chien de George Sand dessiné par Eugène Lambert en 1871.
Sandrine Engle artiste peintre canine passionnée de littérature et née en Bourgogne cite un extrait de Jocelyn de Lamartine consacré à son amour du chien et le situe dans l'histoire de la pensée. Le tableau de Decaisne et une photo du chateau d'enfance du poète à Urcy vient illustrer cet article.
Présentation, analyse, commentaire personnel et anecdote de Diderot sur la toile de Oudry intitulée Lice allaitant ses petits et exposée au salon de 1753. Comment le baron d'Holbach a donné à Oudry une reconnaissance sociale précieuse et sincère.
Sandrine Engle poursuit ses lectures sur l'histoire de la peinture canine. La passion des chiens de la reine Victoria la conduit à parrainer des artistes et à comander des portraits domestiques de ses chiens dans des décors confortables éloignés des portraits de pure race et des scènes de chasse traditionnelles. Elle fonde une société pour lutter contre la maltraitance et s'oppose à toute modification sur ses chiens sans se préoccuper des standards de race.
La place de nombreux chiens aux côtés des rois Louis XIV et Louis XV explique le plan des chenils de Versailles. Il est intéressant de noter comment les chiens étaient alors traités et considérés.
Sandrine Engle, artiste peintre canin, présente sa lecture du tableau de Alexandre François Desportes intitulé Chien gardant du gibier près d'un buisson de roses peint en 1764 et conservé au musée du Louvre. Le tableau apparaît comme un archétype de la scène rococo du retour de chasse. Naturelle et spontanée à une première lecture, la scène est en réalité très travaillée comme une scène d'apparat.
Dans ce post, je remonte aux origines de la peinture canine pour remarquer que l'apogée de ce genre pictural coïncide avec les créations des sociétés centrales canines et des expositions tant en France qu'en Angleterre. Les genres principaux de ce style de peinture sont rapidement définis.
L'artiste Sandrine Engle s'interroge sur le nom de son activité depuis qu'elle se spécialise dans la peinture de chiens pas seulement sur en portraits sur commande mais aussi en représentant le Chien dans toutes ses dimensions : mythologique, symbolique, culturelle, littéraire, sa place dans l'évolution de l'espèce humaine... Elle retrouve les origines de ce style pictural dans les pays anglo saxons et notamment dans l'Angleterre de la reine Victoria .
