Mon inventaire des races représentées en peinture
commence par le
cocker spaniel
parce que - si tu me suis, tu le sais - je vis depuis 45 ans avec des cockers anglais : Looping mon golden comme on disait avant; Goldap mon premier bleu rouan; Nelson mon foufou golden; Bluejean mon amour de bleu rouan décédé cette année; Apache notre merveilleux noir et blanc décédé l'an passé et R'ton mon petit bleu rouan de 4 mois. Tandis que mes parents avaient Indiana, nounours noir et feu et Fun, adorable tricolore qui vient de perdre la vue. Chacun a partagé près de 15 ans de vie avec moi et je leur dois une large partie de ce que je suis.
Les origines liées à la chasse à la bécasse
J'aime tous les chiens, de race ou pas, mais le cocker est mon double. Pourtant je n'ai pas de chasseurs parmi mes proches. Il est vrai que
le spaniel est mentionné pour la première fois
dans The
Master of the Game
écrit par Edward Plantagenet vers 1413 et qui consiste pour l'essentiel en une traduction du
Livre de chasse
de Gaston Phébus, notre comte de Foix. Les spaniels étaient utilisés à la chasse au gibier à plumes pour le rapport (hawking). Reconnus comme races à part entière en 1892 par The Kennel Club, le Cocker Spaniel et plus tardivement le Springer (en 1902) appartiennent à une large famille avec les field spaniel et les Sussex Spaniel à la fin du XIXe siècle. Pour l'histoire de la race, je t'invite à te rendre sur le
site officiel du Spaniel Club Français
De la scène de chasse au portrait, la peinture reflète la polyvalence du cocker.
En peinture, le cocker et le springer vont souvent être représentés en action en scène de chasse à côté du gibier rapporté ( la présence d'animaux morts à leur côté n'est plus du goût de tous de nos jours). Mais le cocker est aussi un fou d'eau, d'étangs, de marécages puisque son nom est associé à la bécasse qui vit dans ce milieu. Aussi le voit-on sauter avec bonheur dans des étangs au milieu de joncs ou d'herbes hautes.
La toile de Arthur Wardle (photo 1) est remarquable à ce titre :
rappelons que la photographie n'existant pas à cette époque,
la pose du cocker de gauche avec ses pattes avant
prêtes à toucher l'eau est d'un réalisme saisissant!
Arthur Wardle était aussi passionné par l'expression individuelle de chaque chien
saisie sans excès de sentimentalisme et sans anthropomorphisme dans ses portraits (photo 2). Ce peintre anglais prolifique de la fin du XIXe siècle, exposa ainsi 113 tableaux à la Royal Academy en 50 ans mais on s'intéressait alors davantage à ses représentations de la faune sauvage. Pourtant ses chiens représentés à l'huile mais aussi à l'aquarelle furent reproduits sur des paquets de cigarettes et des cartes postales.
(Si tu as la chance, d'en trouver un exemplaire, n'hésite pas à m'envoyer une photo!)
Portrait de race : réalisme ou idéalisation?
Wardle était un
maitre du portrait de pure-race
représentant le chien debout, tête à gauche. Il savait en effet parfois
améliorer la réalité de ses modèles
pour leur donner l'apparence parfaite des
standards de la race,
ce qui comblait les commanditaires propriétaires du modèle mais aussi les clubs de races et éleveurs qui prenaient ses toiles pour se conformer à cet idéal. Son portrait du
Champion Sandown Violet
est éclairant sur ce point.
Si aujourd'hui environ 250 de ses créations sont connues, on estime qu'il a dû représenter toutes les races canines (mon rêêêêêve!) anglaises .
On peut donc estimer qu'il a dressé un catalogue des modèles parfaits, des standards de chiens de race anglais au début du XXe siècle.
Un peintre majeur pas seulement pour les chiens!
D'un point de vue plus technique, ses coups de pinceau sont vifs et sa palette influencée par la théorie des couleurs
qui sera celle des Impressionnistes et Post-impressionnistes. Mais comme l'écrit W. Secord, il a eu "la chance de vivre à une époque où la peinture canine était un genre accepté, par un public impatient d'acquérir de belles oeuvres [...] Plus encore, il semble que mieux que les photographes, Wardle capture l'essence d'une race." (1)
Ceci invite tout artiste à se poser une fois encore la même question : la vérité est-elle dans le réalisme figuratif ou dans une stylisation du réel ?
(1) photos et références : William Secord, Dog painting, the european breeds.